La recherche en psychologie et en neurosciences a maintes fois démontré que les relations interpersonnelles sont un des principaux facteurs de santé et de bien-être. Le même principe régit également l’efficacité au travail. En effet, la clé du succès réside dans la capacité à se mettre au diapason entre collègues. Pourtant, des obstacles se dressent constamment entre les autres et nous, notamment les distractions extérieures et les habitudes mentales nuisibles.

Ces obstacles sont fréquents lorsque nous tentons de communiquer. D’abord, parce que le cerveau est par défaut en mode inattention, nous perdons facilement le fil de la conversation. Ensuite, nous sommes souvent débordés, et la liste des choses à faire monopolise notre attention. Ainsi, lors d’une discussion, nous avons tendance à nous laisser guider par nos préoccupations personnelles (puis-je interrompre mon interlocuteur? Comment lui faire comprendre l’importance de cette affaire?) plutôt que d’être à l’écoute et disponible pour l’autre. Finalement, nous communiquons fréquemment de façon virtuelle. Bien que le numérique offre une souplesse inédite, il nous expose à une foule de distractions, comme les courriels, les médias sociaux et les applications installées sur nos téléphones, qui grugent notre attention.

Soyez attentif à votre état d’esprit la prochaine fois que vous serez distrait lors d’une discussion avec un collègue ou un proche. Vous remarquerez sans doute un certain malaise. S’il devient chronique, ce sentiment de déconnexion peut avoir une incidence notable sur la santé émotionnelle et physique. L’isolement social peut nuire à la santé cardiovasculaire, au système immunitaire et aux fonctions cognitives. Le rejet social active les mêmes régions du cerveau que la douleur physique.

L’humain est un animal fondamentalement social. Nous n’avons pas de dents acérées, nous ne courrons pas très vite et nous ne pouvons pas dominer les autres animaux par la force brute. Sur le plan de l’évolution, notre principal avantage réside dans nos lobes frontaux, qui nous permettent d’établir des systèmes sociaux complexes pour mieux coopérer.

Une de nos hormones, l’ocytocine, nous aide même à créer des liens et à les consolider. La production d’ocytocine est généralement stimulée par le fait de prodiguer des soins, l’allaitement, les relations sexuelles et même les câlins. Libérée en grande quantité, l’hormone suscite une forte envie d’avoir des contacts sociaux, par exemple de passer une soirée avec un ami ou même d’échanger des messages texte. Elle rend le cerveau plus apte à comprendre les pensées et les émotions des autres. Elle nous incite aussi à faire confiance. Elle a ceci de particulièrement intéressant qu’elle nous donne du courage. Lorsque l’intégrité physique ou émotionnelle des gens qui nous entourent est compromise, l’ocytocine atténue la peur et nous pousse à agir pour les protéger. C’est pourquoi nous pensons souvent à nos proches en présence de danger.

Ces découvertes ont une incidence majeure sur notre compréhension des dynamiques en milieu de travail. Lorsque nous tissons des liens étroits avec nos collègues, nous sommes 1) plus susceptibles d’être enjoués, motivés et satisfaits au travail, 2) moins sujets au stress et aux problèmes de santé, et 3) plus aptes à trouver des solutions favorables à tous, à travailler en équipe et à trouver le courage de prendre des décisions difficiles.

Ces faits scientifiquement démontrés soulignent l’importance de favoriser les rapports sociaux au travail. Heureusement, la pleine conscience offre des outils pratiques pour améliorer cet aspect de la vie professionnelle.

Imaginons une conversation typique. Nous savons que la communication comprend plusieurs composantes, soit les mots, l’intonation et le langage corporel. Selon vous, quel pourcentage du message est transmis par chacune de ces composantes? Croyez-le ou non, mais les mots ne comptent que pour 7 %, tandis que l’intonation compte pour 38 % et le langage corporel porte le plus d’importance avec 55 %. Pourtant, nous communiquons largement par texto et par courriel, des moyens de communication qui éliminent l’intonation et le langage corporel. Même en personne, nous sommes nombreux à croire qu’il suffit d’entendre les mots pour être à l’écoute, mais nous pouvons faire mieux.

Les quatre principes qui suivent favorisent l’écoute en pleine conscience. La prochaine fois que vous discuterez avec quelqu’un, essayez de les mettre en pratique.

  1. Ne faites qu’une chose à fois. Tâchez de libérer votre horaire pour n’avoir rien d’autre à faire à ce moment. Songez à désactiver les notifications sur vos divers appareils.
  2. Restez concentré. Donnez-vous comme objectif d’accorder toute votre attention à votre interlocuteur. Ne laissez pas votre esprit vagabonder. Si cela se produit, recentrez posément votre attention sur la personne.
  3. Élargissez votre champ d’attention. Soyez attentif à toute l’information qui s’offre à vous, comme l’intonation et le langage corporel.
  4. Écoutez avec attention. Faites preuve d’ouverture et soyez réceptif durant la conversation. Si possible, évitez d’interrompre la personne. Mettez de côté vos motivations personnelles pendant un instant et cherchez à comprendre celles de votre interlocuteur.

Cette approche devrait vous permettre :

  • de mieux suivre tous les aspects de la conversation;
  • de répondre plus adéquatement à votre interlocuteur;
  • de vous sentir plus proche de lui.

Le fait de prendre la parole ne nous rend pas moins susceptibles d’être perdus dans nos pensées. Parler de façon distraite peut entraîner toutes sortes de problèmes, comme de coûteux malentendus, des pertes de temps en réunion et de la frustration chez certaines personnes, que vous risquez de vous aliéner. Voici quelques lignes directrices pour parler en pleine conscience :

  1. Précisez vos intentions avant toute réunion et exprimez-vous en conséquence, de façon délibérée. Plus vos intentions sont claires, plus il vous est facile d’aller droit au but.
  2. Faites preuve de concision. Lorsque vous parlez, allez droit au but, sans vous perdre en digressions.
  3. Parlez franchement. Exprimez votre point de vue de façon calme, neutre et non menaçante. Utilisez-le « je ».
    • « Je crois… J’aimerais… C’est important pour moi… Je suis d’avis que… »
  4. Rendez-vous utile. Lorsque vous parlez franchement, ce doit être dans le but de contribuer à la discussion de façon pertinente et constructive.

Cette approche devrait vous permettre :

  • de simplifier vos relations et d’éviter les psychodrames;
  • d’être plus calme et attentif lors de conversations;
  • de moins ressasser les conversations difficiles.