Freud et la Psychanalyse

L’histoire de la psychothérapie débute avec nul autre que Sigmund Freud, le grand-père de la thérapie par la parole. Freud est le fondateur de la psychanalyse, une approche ayant dominé la psychologie pendant la première moitié du 20ème siècle. La psychanalyse est une exploration ouverte de l’inconscient. En discutant de ce qui lui vient à l’esprit (association libre), le patient adresse ses conflits psychiques, forgés durant l’enfance qui lui cause de la souffrance à l’âge adulte. L’analyste parle peu, à l’exception d’occasionnelles interprétations visant à guider le patient plus profondément dans ses relations intrapsychiques et interpersonnelles. Parce que l’analyste participe peu durant les séances, il agit à titre de de table rase sur laquelle le patient projette tous ses conflits intra et inter personnels. En conséquence, la plupart des changements atteints suite à l’analyse sont le fruit du travail sur ces conflits au travers de la relation patient-analyste (la relation transférentielle).

La force de la psychanalyse est d’offrir aux gens l’occasion de travailler des problèmes émotionnels plus profonds dans un contexte ouvert et sans contrainte. Cependant, plusieurs inconvénients sont responsables du déclin de la psychanalyse durant la deuxième moitié du 20ème siècle: 1) elle a fourni peu d’outils pratiques et concrets aux personnes souffrant de problèmes psychologiques bien définis comme l’anxiété et la dépression; 2) il y a peu d’évidences empiriques que la psychanalyse fonctionne réellement pour la réduction des symptômes du patient, et 3) puisque la psychanalyse est une exploration ouverte et non-structurée, celle-ci peut durer des années sans qu’il y ait de résolution des problèmes et elle peut s’avérer très coûteuse.

La Thérapie Comportementale (La première vague)

Le retour à la maison des anciens combattants de la Deuxième Guerre mondiale dans les années 1940 a mis une pression énorme sur le domaine de la santé mentale afin qu’une thérapie à court terme efficace pour le traitement des difficultés émotionnelles des soldats soit développée. À cette époque, les chercheurs comportementaux ont établie les fondements de la théorie de l’apprentissage, incluant le conditionnement classique (Pavlov), le conditionnement opérant (Skinner), et la désensibilisation systématique (Wolpe). Ces idées ont permit d’expliquer comment les contingences et les récompenses de notre environnement façonnent notre comportement et ont fourni des outils importants pour éliminer les comportements problématiques. Ces principes ont été adoptés par les cliniciens qui se sont désintéressés de la psychanalyse créée par Freud. Ces derniers désiraient une approche psychologique plus simple et plus pratique se prêtant mieux à la recherche scientifique rigoureuse. La thérapie comportementale est toujours pratiquée de nos jours. Elle est extrêmement efficace pour traiter certaines formes d’anxiété, les phobies et les dépendances. Cependant, elle est limitée dans la mesure où elle n’aborde pas les pensées et les sentiments de l’individu. Cette lacune a par la suite, été comblée par d’autres thérapies.

L’humanisme ou la thérapie centre sur le client

Carl Rogers, pour sa part, était très intéressé par ce que ses patients disaient! En effet, il a mis l’expérience de ses patients à l’avant-place du processus d’apprentissage et de changement. Comme les psychanalystes, il était convaincu que l’alliance thérapeutique (c’est à dire la relation entre le patient et le thérapeute) était le facteur clé dans la thérapie. Toutefois, contrairement aux psychanalystes, il croyait que les thérapeutes devaient participer activement à l’auto-exploration de ses clients, plutôt que de commenter à l’occasion en ayant une position d’autorité. Il a d’ailleurs préféré appeler ses patients «clients» afin de souligner la relation non hiérarchique qu’il entretenait avec eux.
Pour Rogers, le rôle des thérapeutes est de fournir un regard positif inconditionnel et suivre l’exemple de ses clients qui poursuivent leur propre chemin vers l’auto-actualisation. Dans les années 1950, Rogers a commencé à avoir un impact important et durable sur la façon dont les psychothérapeutes interagissaient avec leurs clients.

Thérapie Cognitive (La seconde vague)

Dans les années 1960, un nouveau paradigme dans le domaine de la psychologie a vu le jour. Inspirés par les avancés de la technologie informatique, les psychologues ont commencé à concevoir l’esprit humain comme étant un organe complexe lié au traitement de l’information avec le système nerveux comme matériel et l’esprit comme logiciel. L’appuyant sur les travaux d’Albert Ellis, Aaron (Tim) Beck a commencé à appliquer ce modèle à sa pratique de la psychothérapie. Il soutenait que l’information traitée par notre esprit (e.g. cognitions) a un impact important sur la façon dont nous nous sentons dans le moment présent. Donc, nos pensées, interprétations, et perceptions des choses influencent nos sentiments et nos actions. Beck a développé la thérapie cognitive qui consiste en une série de techniques visant à identifier et éliminer les cognitions erronées, exagérées ou inutiles qui affectent négativement notre humeur et nous créent de la peur et de l’anxiété. Beaucoup de thérapeutes comportementaux ont alors intégré ces techniques dans leur travail et c’est à ce moment que la thérapie cognitive comportementale (TCC) est née.

En TCC, le rôle du thérapeute ressemble à celui d’un entraîneur puisque ce dernier guide le client à travers une approche structurée et un programme orienté vers le but de réduire les symptômes de la psychopathologie. La TCC est pratique et elle offre des outils et des stratégies aux clients afin qu’ils parviennent à gérer leurs problèmes par eux-mêmes. Elle est également axée sur le présent et limitée dans le temps, et on observe fréquemment une réduction significative des symptômes dans les 8-12 semaines suivant le début du traitement. Ce qui est sans doute le plus important, c’est que la TCC est un traitement fondée sur des preuves, ce qui signifie qu’il a un de nombreuses études scientifiques rigoureuses démontrant son efficacité. Dû à ces avantages, la TCC est devenue la méthode de psychothérapie la plus utilisée depuis les 20 à 30 dernières années.

La TCC troisième vague

Depuis le début du nouveau millénaire, de nouvelles approches ont façonnée l’histoire de la psychothérapie. Ces nouvelles approches partagent les hypothèses de bases de la TCC traditionnelle: l’importance des tests scientifiques, des comportements et des cognitions en thérapie. L’ensemble de ces approches désigné comme étant les thérapies de la troisième vague ont introduit l’importance de la pleine conscience et de l’acceptation.

1) Les thérapies de la pleine conscience

La pleine conscience réfère à un état d’esprit, caractérisé par l’emphase sur le moment présent, avec une attitude de non-jugement. Il est reconnu depuis des millénaires dans la tradition spirituelle orientale que de cultiver cet état d’esprit par la méditation permet de réduire l’anxiété et les changements d’humeur, et de promouvoir la santé et le bien-être. Ce n’est que récemment, en partie grâce au travail de Jon Kabat-Zinn, que la pratique de la pleine conscience a atteint le domaine de la psychologie occidentale. Les thérapies de la pleine conscience aident les clients à obtenir une plus grande prise de conscience et à vivre l’instant présent. Ils s’adaptent ainsi plus facilement aux problèmes et défis auxquels ils sont confrontés. Les thérapies de la pleine conscience les plus courantes sont la réduction du stress à partir de la pleine conscience de Jon Kabat-Zinn et la thérapie cognitive basée sur la pleine conscience de Zindel Seigal. Ces thérapies sont structurées, basés sur des programmes de groupe et ont pris racine dans la plupart des centres médicaux d’Amérique du Nord et d’Europe. Au cours des dernières années, la pleine conscience a prit place dans la culture populaire en partie grâce aux évidences scientifiques des bienfaits de la méditation sur l’être humain.

2) La Thérapie d’Acceptation et d’Engagement (ACT)

L’ACT (prononcé «acte»), qui fut développé par le Dr. Stephen Hayes, est un ensemble relativement nouveau d’innovations dans le domaine de la TCC. Comme son nom l’indique, les techniques d’ACT sont conçues pour aider les clients à apprendre à employer l’acceptation (plutôt que le contrôle) comme stratégie pour faire face à des expériences difficiles. Un grand nombre de problèmes auxquels les gens sont confrontés dans la vie sont maintenus par la difficulté à tolérer les émotions négatives (comme l’anxiété, la peur ou la tristesse) et la tendance à les éviter, les réprimer et la tentative de les contrôler. Une liste impressionnante d’études démontre que ces réactions augmentent l’ampleur de l’émotion négative et rendent le problème initial beaucoup plus difficile! Donc, les thérapeutes ACT aident le client à accepter leur expérience et à employer des moyens plus efficaces afin de s’adapter et de résoudre leurs problèmes. Le but ultime d’ACT est d’aider le client à quitter ses préoccupations à propos de sa santé mentale et à mettre l’accent sur ses valeurs. Un des grands avantages d’ACT est les nombreuses évidences scientifiques qui la supportent. Avant de présenter ACT au public, Hayes a consacré de nombreuses années à la construction d’un cadre théorique général (Théorie des Cadres Relationnels) et d’un solide fondement empirique de l’approche (science du comportement contextuel). Récemment, lui et son équipe ont mené de nombreux essais contrôlés et randomisés, démontrant l’efficacité des techniques d’ACT pour une variété de problèmes psychologiques. ACT s’est démarquée au cours des dernières années et est considéré comme étant à la fine pointe de la TCC.