C’est la première fois dans l’histoire de l’humanité que nos cerveaux sont aussi sollicités, de jour comme de nuit. Pas étonnant que la plupart d’entre nous soient par moment dépassés et si fatigués.

Au début de 2018, Larry Fink, président de BlackRock Investments, dont l’actif sous gestion s’élève à 6 800 milliards de dollars, mentionnait dans son bulletin annuel destiné aux PDG : « Nous assistons à un paradoxe, les rendements sont élevés tout autant que les niveaux d’anxiété… Pour prospérer au fil du temps, chaque entreprise doit non seulement fournir un rendement financier, mais également montrer comment elle contribue positivement à la société. Les entreprises doivent servir toutes leurs parties prenantes, notamment les actionnaires, les employés, les clients et les communautés dans lesquelles elles opèrent. »

En tant que stratège d’entreprise, consultant en transformation et en développement des leaders depuis 30 ans, j’appuie avec enthousiasme cette vision de l’entreprise progressiste. Et en tant que copropriétaire et associé du centre de bien-être Mindspace, au service de cette vision d’entreprise consciente, je reste optimiste. En même temps, je ressens depuis plusieurs années des vents contraires. Les dirigeants d’entreprise cèdent de plus en plus à la pression économique et au stress professionnel, au sentiment d’urgence qui mène trop souvent à des décisions à court terme plutôt qu’à une gestion à long terme des parties prenantes.

Les dirigeants et les employés se sentent souvent submergés par la quantité d’information, le rythme des changements et les demandes croissantes de la société. Jusqu’à récemment, les gens n’avaient pas leur mobile attaché à la ceinture, n’avaient pas à consulter leurs courriels et leurs messages textes en continu, ou à céder au besoin incessant d’être actif sur les réseaux sociaux et rester au fait de la surabondance de nouvelles et d’information – juste pour rester dans la course!

Bien que les gens semblent travailler plus fort que jamais, les recherches indiquent le contraire. Les gens se sentent toutefois plus occupés. Par le passé, le travail ne les suivait pas jusqu’au lit aussi facilement.

Il n’est pas surprenant que les études révèlent un taux alarmant et croissant de désengagement en milieu de travail, supérieur à 80 % dans la plupart des sondages. L’Association américaine de psychiatrie note une augmentation de 35% de l’anxiété entre 2016 et 2017, ce qui se traduit par une augmentation des coûts en santé mentale, absentéisme et présentéisme.

« Alors qu’un leader d’entreprise est idéalement stratégique, responsable et conscient de son impact sur la société, un esprit menacé sera moins efficace sur le plan cognitif, défensif, à courte vue et auto-protecteur. »

Au fur et à mesure que le stress et le rythme de la vie professionnelle augmentent, les personnes ont tendance à passer naturellement en mode survie plutôt qu’en mode stratégique et créatif, handicapant ainsi la performance à long terme. Alors qu’un leader d’entreprise est idéalement stratégique, responsable et conscient de son impact sur la société, un esprit menacé sera moins efficace sur le plan cognitif, défensif, à courte vue et auto-protecteur. – Ce ne sont pas les qualités idéales que les gens espèrent voir chez les dirigeants qui façonnent notre monde.

Un changement de paradigme

En tant que consultant en gestion, j’ai été témoin de ce changement graduel de la part de leaders souvent surchargés, qui réussissaient à trouver du temps pour la réflexion stratégique, le développement du leadership, la gestion humaine du talent et d’autres formes de recul.

Aujourd’hui, ils font face à un monde dans lequel les exigences sont quotidiennes et permanentes, ils sont dépassés par des listes interminables de choses à faire, d’innombrables courriels et requêtes, des objectifs de performance et des plans d’action de plus en plus exigeants. Le résultat ? Ces leaders disposent de peu de temps pour de véritables interactions d’humain à humain et de peu d’espace pour ressourcer leur esprit.

« Ces leaders disposent de peu de temps pour de véritables interactions d’humain à humain et d’espace pour ressourcer leur esprit. »

Des années de recherche sur la productivité ont permis aux organisations et à la société de réaliser des gains significatifs en termes d’efficacité, d’efficience et d’accumulation de biens, de services et de richesse. Malheureusement, ces gains se font trop souvent au détriment du bien-être, du sens à donner au travail et du bonheur.

Les peurs et les insécurités liées à un environnement de travail surchargé sont maintenant le pire ennemi des organisations, car de telles conditions façonnent les processus décisionnels des personnes, la qualité de leurs relations interpersonnelles et leur santé physique et mentale. Le cerveau n’a tout simplement pas évolué pour suivre ce niveau d’activation. Bien sûr, les gens tiennent le coup pendant un certain temps, mais à la longue, ils ont besoin d’une pause. Et, pour plusieurs, de telles pauses sont de plus en plus difficiles à prendre. À bien y penser, c’est la première fois dans l’histoire de l’humanité que le cerveau est aussi sollicité, disposant de si peu de temps et d’espace pour se rétablir. Pas étonnant que la plupart des gens soient si fatigués et dépassés par moment.

« Les peurs et les insécurités liées à un environnement de travail surchargé sont maintenant le pire ennemi des organisations. Le cerveau n’a tout simplement pas évolué pour suivre ce niveau d’activation ».

Je crois que nous avons atteint un point d’inflexion, car une nouvelle génération de travailleurs commence à résister à cette tendance. Ces travailleurs s’attendent à juste titre à être écoutés, à collaborer, à s’engager dans un travail pourvu de sens et aligné sur leurs valeurs ainsi qu’à préserver un équilibre dans leur vie.

Heureusement, de nouveaux modèles économiques tels que le Capitalisme conscient et les B Corps « Conscious Capitalism » gagnent en popularité en réponse à des décennies de doctrines misant sur la création de valeur économique. Les analystes, les investisseurs et les dirigeants réalisent de plus en plus que les modèles d’affaires doivent évoluer, car la croissance sans limites est insoutenable, avec tous ses impacts sociaux qui font de plus en plus les manchettes et qui soulèvent la colère de la société civile et des consommateurs.

La bonne nouvelle, c’est que la recherche montre que ces nouveaux modèles d’affaires, plus conscients, génèrent des rendements plus élevés à long terme, jusqu’à 10 fois selon certains.

Pour maintenir des niveaux de conscience individuelle et collective élevés, un leader doit éviter d’être handicapé par un esprit souvent encombré et menacé. Les leaders conscients doivent développer des qualités telles que la présence attentive, le jugement nuancé et la capacité de remettre en question les paradigmes existants. Un leader doit rester concentré et avoir les idées claires lorsqu’il prend ses décisions, il doit faire preuve de créativité pour adapter l’organisation, faire preuve de compassion pour ses clients, créer un environnement Psychologiquement sécuritaire pour son équipe et agir avec courage pour rester en phase avec ses valeurs et ses intentions.

« Au-delà de SAVOIR et du SAVOIR-FAIRE, je crois que le prochain avantage concurrentiel sera la conscience de soi ou le SAVOIR-ÊTRE »

Les leaders qui développent ces qualités se dotent d’un avantage concurrentiel. Bien sûr, une stratégie distinctive et une exécution sans faille continueront de constituer une base solide pour les organisations.

Au-delà de SAVOIR et du SAVOIR-FAIRE, je crois que le prochain avantage concurrentiel sera la conscience de soi ou la SAVOIR-ÊTRE, ce qui signifie que les dirigeants :

  • Répondent de façon intentionnelle plutôt que de réagir sur le pilote automatique
  • Gèrent leur esprit pour mieux traiter la surcharge d’information
  • Reconnaissent leurs croyances limitatives et les déclencheurs qui influent sur la prise de décision
  • Sont connectés à leurs valeurs et à leur raison d’être\Accèdent à la clarté d’esprit pour prendre des décisions plus éclairées
  • Se sentent en sécurité psychologique et suffisamment ancrés pour gérer avec compassion, curiosité et ouverture.

La pleine conscience ou la présence attentive

Soutenue par la recherche, la présence attentive gagne rapidement en popularité dans les organisations en tant que stratégie de développement du cerveau, permettant de gérer le rythme et la complexité de la vie moderne. Cette formation développe la notion de l’ÊTRE et propose d’apprendre à répondre avec sagesse plutôt que sous le coup de la menace ou de la peur.

« Soutenue par la recherche, la présence attentive gagne rapidement en popularité dans les organisations en tant que stratégie de développement du cerveau, permettant de gérer le rythme et la complexité de la vie moderne »

Mais quelle est donc cette présence attentive? Elle est souvent décrite comme la capacité de vivre dans le moment présent par choix de manière à vaincre les réactions automatiques ou la réactivité. Elle aide à réduire la pensée furtive et son biais négatif du monde générant plus de stress et moins de bonheur. La présence attentive inclut des pratiques contemplatives telles que la méditation, mais elle peut également être intégrée aux activités quotidiennes telles qu’une présence accrue lors des promenades, des repas et de l’écoute, permettant de cultiver la concentration, l’attention et la régulation émotionnelle.

Les équipes de direction, les avocats, les professionnels de soins de santé, les membres des forces de l’ordre et les équipes sportives adoptent de plus en plus ces pratiques de présence attentive, libérant ainsi un potentiel inexploité et augmentant leur bien-être. De nombreuses organisations mettent en œuvre des stratégies pour développer la présence attentive et son état d’esprit en ciblant les compétences telles que la concentration, la conscience de soi, la résilience et le bien-être. Et pourtant, ces notions de maîtrise de l’esprit restent innovantes et portent même au scepticisme pour certains. Il est donc préférable que les organisations abordent le tout par étape, favorisant d’abord la sensibilisation au concept afin d’obtenir le soutien nécessaire vers une nouvelle culture organisationnelle.

La présence attentive et la gestion du stress ne sont pas inaccessibles, mais elles peuvent sembler contre-intuitives au début, car elles enseignent à l’esprit à ralentir, à rester de plus en plus présent, à s’abstenir de jugement prématuré et à explorer les émotions et les situations difficiles plutôt que d’y résister.

La formation de l’esprit prend donc du temps et de l’investissement car les mentalités, les habitudes et les comportements sont difficiles à modifier. Heureusement, il existe à la fois un besoin et un appétit de revoir le fonctionnement de l’esprit et sa meilleure gestion au profit de soi, des organisations et des sociétés. Cela demande de l’engagement, de la patience et de la curiosité. Mais les bénéfices en valent l’investissement. Je vous souhaite de magnifiques découvertes!

Découvrez les services offert par Mindspace pour les entreprises